Trois mois après la bataille du Pont de l'impénitence, au printemps de l'an 3043, Amasia et Frékaas se retrouvaient à Sarde en présence de leurs familles. Là, dans le Sanctuaire de la Lune, ils étaient décidés à s'unir par les liens indissolubles du mariage.

Le Sanctuaire de la Lune était un lieu secret et mystérieux, où, depuis le premier âge de la dynastie fondée par Nabbalar, les Princes de Sarde et leurs familles s'unissaient pour la vie et s'endormaient pour la paix. En un endroit caché sous le palais, un continent, un monde, un univers, rêvait à l'abri des combats des hommes, paisible, inviolé, intemporel.

Sur un tapis d'herbes grasses, sous la voûte lumineuse d'un ciel insaisissable, poussaient des milliers de fleurs rouges délicates, aux pétales huileux et aux pistils incandescents, connues sous le nom de fleurs de limpakoa. Sur un tapis d'herbes grasses, sous la voûte lumineuse d'un ciel insaisissable, se dressaient des arbres à l'écorce noire couverte de reflets d'argent, des arbres aux branches tortueuses, porteuses de cocons de soie, dans lesquels dormaient des momies en position foetale. Les corps, momifiés dans leurs cocons, pendaient aux branches sans toucher le sol, attendant, chrysalides suspendues entre l'état mortel et l'épanouissement de leur être idéal, l'envol vers des cieux incorruptibles.

Cette étrange forêt était baignée d'un silence délicieux et d'une brume magenta. Amasia et Frékaas, accompagnés par le Prince de Sarde et son épouse Ranarielle, par Hairbald le Chauve, Coralysse et leurs enfants, Lay Aln, Camilia et le tout petit Lumio, mais aussi par Mordril, son épouse Frigg et leur fils Figgil, avançaient à travers ce paysage insolite et sacré, prenant soin d'éviter de marcher sur les fleurs de limpakoa, et ce, bien qu'il n'y eût point dans les parages de Giganthrope pour les en châtier s'ils blessaient un pétale ou meurtrissaient une tige.

Leur progression se déroulait dans le plus grand silence. Leur marche était empreinte d'une solennité pleine de révérence envers les habitants endormis de ce lieu en sommeil.

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