Hulul
(union mystique)

Pour les musulmans: l'union mystique, ou hulul, est du point de vue de l'orthodoxie islamique une hérésie, une impiété (zandaqa). L'école mystique, dite soufisme, demeure très mal acceptée par la tradition sunnite, qui y voit un rejet des enseignements traditionnels. Du reste, les mystiques eurent dès les débuts de l'Islam de gros démêlés avec les autorités religieuses en place. Ainsi Nourî à Bagdad au IX° siècle, qui parlait d'un "amour réciproque" entre Dieu et Sa créature; tel, aussi, Ibm Karrâm, expulsé du Sijistan, qui professait l'inspiration privée des vérités de la foi; tel, encore, le célèbre al-Hallaj, qui osait dire en parlant de Dieu: "Je suis devenu Celui que j'aime et Celui que j'aime est devenu moi. Nous sommes deux esprits infondus en un seul corps" et qui fut exécuté en 922 à Bagdad. L'état mystique est toujours apparu aux yeux de l'Islam comme une forme d'"incarnation", pensée d'inspiration chrétienne vigoureusement condamnée.

Pour les chrétiens: l'union mystique est le but de la vie chrétienne, le sujet humain devant retrouver le lien qui l'unit à son Dieu. La vie en Dieu, qui est plénitude de l'être, est la seule existence qui soit capable de combler et d'apaiser l'âme de l'homme, âme perpétuellement en quête d'un dépassement de soi et d'une paix intérieure la fuyant sans cesse autrement. Dieu est infini, et en Lui seul l'homme peut étancher sa soif d'infini. Dieu est paix parfaite dans l'amour véritable, et en Lui seul l'homme peut exprimer et assouvir pleinement son aspiration relationnelle. Voir article Paradis.

Commentaire: En Islam, il n'y a pas de communion d'amour avec Dieu, mais une adoration passant par la soumission. "Le Dieu musulman est impassible absolument, il est condescendant, et lui prêter l'amour serait encore un anthropomorphisme suspect. Point d'amour, qui serait indigne de Dieu, mais une condescendance absolument gratuite, une bienveillance. Les juristes les plus stricts affirment que l'homme ne peut aimer Dieu en lui-même, mais seulement sa loi, son service et sa volonté. Il est ordonné par la tradition aux fidèles de réfléchir sur la Création, sur le Cosmos, mais d'écarter toute réflexion sur le mystère de Dieu en lui-même. Les chrétiens sont accusés de vouloir pénétrer indûment à l'intérieur de ce mystère caché" (Alain Besançon, Trois tentations dans l'Eglise). Là encore, la divergence est grande entre les deux religions. Car si, pour les chrétiens, Dieu est l'absolu à atteindre, pour les musulmans, Il est l'unique inaccessible.