Foi

Pour les musulmans: l'acte de foi se résume à une simple profession de foi. En effet, pour devenir musulman, il suffit de déclarer publiquement, avec l'intention de faire sa soumission à Dieu, la formule suivante: "La ilaha illa Allah wa Muhammad rasulu Allah", que l'on traduit par: "il n'y a de divinité que Dieu, et Mahomet est son Prophète". Tel est le seul acte de foi réclamé pour devenir musulman.

Pour les chrétiens: l'acte de foi implique un dialogue entre l'intelligence humaine et la vérité divine, par le moyen réciproque d'une adhésion de la volonté humaine et d'une grâce accordée par Dieu. Il y a donc un double mouvement de participation et d'acquiescement, afin que l'acte de foi soit libre et reçu. L'acte de foi contient en soi la reconnaissance de l'intervention de l'Esprit Saint dans l'intention d'adhérer à la figure du Christ par qui le Père est révélé. Par l'acte de foi, le chrétien pénètre déjà dans le mystère de la communion avec Dieu. "La foi nous fait goûter comme à l'avance la joie et la lumière de la vision béatifique" (C.E.C., n°163).

Problématique: la foi, cependant, ne saurait demeurer isolée. "La foi est un acte personnel... Mais la foi n'est pas un acte isolé. Nul ne peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul" (C.E.C., n°166). De telle sorte que, à l'instar des musulmans qui forment une communauté de croyants (Umma), les chrétiens forment l'Eglise. Mais surenchérissons: la communauté chrétienne ne doit pas seulement être une communauté religieuse, elle doit également être civilement présente, par ses membres, dans la construction de la cité, dans les orientations et les évènements de la vie sociale. A tel point qu'il y ait dans la vie sociale quotidienne une culture et une habitude culturelle issue de la pratique des Evangiles. La foi a besoin d'être incarnée, et la cité est cette incarnation. Autrement, une foi désincarnée revient à célébrer un Christ privé de Son Corps. Ce n'est plus alors du christianisme mais une hérésie de type monophysite. "Une foi qui ne devient pas culture est une foi qui n'est pas pleinement accueillie, entièrement pensée et fidèlement vécue" (Jean-Paul II, extrait de la Lettre autographe de création du Conseil Pontifical de la Culture). Le message du Pape est clair: la culture est l'incarnation de la foi. Dans l'ordre de cette même vision des choses, Paul VI se lamentait à juste titre de ce "drame moderne du divorce entre la foi et la culture". C'est de cela dont le christianisme souffre le plus actuellement.

Sans toutefois confondre les domaines religieux et politique, cette incarnation par la culture est nécessaire à l'identité du christianisme. Quant à l'Islam, il a résolu la question en investissant tous les domaines de la vie humaine, les assujettissant à l'ordre totalitaire du pouvoir religieux. L'Islam est une théocratie.