La secte compte un Nobel

Le livre les enlumineurs de cauchemars
existe en format papier

aux éditions Docteur Angélique

au format ebook

chez Hypallage Editions


La secte que nous dénonçons ici est la trop fameuse Golden Dawn, société secrète anglaise de la fin du XIXème siècle. Dans notre titre de chapitre, le prix Nobel associé à cette " Aube Dorée " n’est autre que le célèbre poète irlandais William Butler Yeats. La convergence entre ésotérisme et littérature tient lieu de véritable culte au sein de cet ordre hermétique, si l’on en juge par le nombre d’écrivains affiliés : Arthur Machen (Le Grand Dieu Pan), H. Rider Haggard (Le peuple du Brouillard), Bram Stocker (Dracula), Sax Rohmer (Fu Manchu), Algermon Blackwood (Le Camp du Chien), Enoch Soames (Négations), Robert Louis Stevenson (Docteur Jekyll & Mr Hyde), Gustav Meyrink (Le Golem), Jules Bois (L'Eve Nouvelle), sans oublier notre prix Nobel 1923, Yeats.

Pure curiosité, direz-vous, que cet engouement d’auteurs pour l’étrange, pour l’étrange dispensé par la secte. Mais est-il avéré que leurs oeuvres étaient déjà affirmées alors qu’ils fréquentaient les cercles occultes ? Non moins que certain... il semblerait même, pour la plupart des écrivains mentionnés, que l’enseignement de l’Aube Dorée ait été un révélateur, un catalyseur, une source et un guide pour leur imagination. Nous verrons en quoi, non seulement les thèmes, mais la méthode d’écriture elle-même, s’en trouvèrent modifiés et en sortirent comme modelés. Nous osons ici parler d’un moule d’écriture, de cette langue étrange et énigmatique, l’énochien. A ce double titre de l’imprégnation et de la restitution de la science énochienne, l’écriture de Yeats surabonde en motifs! Mais laissons le Nobel nous expliquer cela lui-même :

" Je voyais souvent dans la salle de lecture du British Museum un homme de trente-six ou trente-sept ans, habillé de velours brun, au visage émacié et résolu, au corps athlétique, et qui m’apparut, avant que j’apprisse son nom ou que je connusse la nature de ses études, comme une figure de roman. Je ne tardais pas à lui être présenté, où et par quel homme ou quelle femme je ne m’en souviens pas. Il s’appelait Liddell Mathers, mais il devait devenir, sous l’influence du Mouvement celtique, McGregor Mathers, puis McGregor tout court. Il était l’auteur de la " Cabbale dévoilée ", et il n’avait que deux sujets d’étude, la magie et la théorie de la guerre, car il se croyait un chef militaire-né, et pour ainsi dire l’égal en sagesse et en puissance du Juif immémorial. Il avait copié au British Museum une foule de manuscrits sur les rites et la doctrine de la magie, il devait en copier une foule d’autres dans les bibliothèques du continent, et ce fut surtout grâce à lui que j’entrepris certaines études et certaines expériences qui allaient me convaincre que les images jaillissent devant l’oeil de l’esprit d’une source plus profonde que la mémoire consciente ou subconsciente. [...] Il m’avait parlé la première fois qu’on nous avait présentés l’un à l’autre, je crois, d’une Société qui déclarait parfois s’appeler - elle portait un autre nom parmi ses membres - les Etudiants hermétiques " ; en mai ou juin 1887, je fus initié à cette Société dans un atelier de Charlotte Street, et, étant à un âge des plus réceptifs, façonné et retranché du monde " (W.B. Yeats, Le Frémissement du Voile, 1922).

Mathers, alias McGregor, n’est autre que le fondateur de cette secte, qui deviendra illustre sous le nom de fronton pompeux de Hermetic Order of the Golden Dawn. Et cette secte est bel et bien celle que Yeats appelle " Société des Etudiants hermétiques " mais qu’il déclare aussi plus connue de ses membres sous une autre appellation, promise, quant à elle, à une postérité retentissante : l’Aube Dorée. Yeats fut en effet, comme il l’indique, initié à Londres en 1887, au Temple n°3, dit d’Isis-Urania ; c’est-à-dire, aux tout débuts de la fondation de la secte. Les mystérieux temples n°1 et n°2 se trouvaient en Allemagne, d’où les ordres émanaient secrètement, Mathers en étant le seul dépositaire et intermédiaire.

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