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Où commence la mystique hugolienne...
Victor HUGO: Qui ne connaît pas ce géant de la littérature française et même, pour tout dire, de la littérature universelle? Qui sait, cependant, que ce génie fut un auteur métaphysique, un écrivain théologien? Et plus encore que cela, car si l'on en juge par la portée de sa mystique, Hugo peut prétendre au rang de prophète... D'ailleurs, une religion d'Asie, le Caodaïsme, le célèbre comme l'un des principaux saints de son panthéon.
Sur ce, nous pouvons déclarer que Victor Hugo est un des plus grands écrivains de l'apocatastase! Ce que nous découvrirons bientôt textes à l'appui. L'apocatastase?... Une fameuse question de théologie... A savoir si Dieu sauvera toutes ses créatures...
Pour le moment, laissons de côté toute conclusion hâtive. Partons à la rencontre de l'auteur et de son thème.
Hugo et l'apocatastase: où, quand, et comment?
- Où? A Jersey, cette petite île anglo-normande, où il trouva refuge, loin de
Napoléon le Petit.
- Quand? Le temps que dura son exil forcé jusqu'à son expulsion de l'île, du
mois d'août 1852 au 27 octobre 1855.
- Comment? Par la pratique du spiritisme! Donc par le biais des tables
tournantes.
Ce fut pour l'écrivain une rencontre prodigieuse:
à en juger par le temps qu'il consacrait aux séances et par le travail de
décryptage qui en résultait, on peut dire qu'Hugo vécut dans l'intimité du
monde des "esprits" avec ferveur et comme un fantôme dans notre monde
pendant plus de trois ans, le temps de son exil à Jersey. Là, il se consacra
exclusivement à sa passion pour l'au-delà. "Le Journal de l’exil
montre, pour cette même époque, une préoccupation constante, un sujet qui
remplit toutes les conversations : les Esprits, les apparitions, les
tables tournantes. A Marine-Terrace, c’est une
passion pour les tables. « On n’attendait plus que le soir, déclare
Auguste Vacquerie. Dès midi, on commençait et l’on ne finissait que le matin.
On s’interrompait tout au plus pour dîner… Le bruit de la mer se mêlait à ces
dialogues, dont le mystère s’augmentait de l’hiver, de la nuit, de la tempête,
de l’isolement »" (Lucien Roure, Le
merveilleux spirite, 1931)
Avant de passer à l'analyse des poèmes et des
récits en prose issus de l'expérience des tables tournantes de Jersey, il faut
préciser de quelle sorte d'inspiration découlent ces textes. En effet, ces
textes attribués à Victor Hugo sont-ils réellement de lui? Sont-ils de sa
plume? De sa plume, ils sont issus. Hugo les a mis au propre, de sa plume. Mais
sont-ils de sa main, comme l'on dit, pour certifier que les textes sont des
créations personnelles de l'auteur? Et bien, nous pouvons être dès à présent
très surpris par la réponse que Victor Hugo apporte lui-même à cette question.
Car le grand écrivain l'a précisé de son vivant: les textes de Jersey ne sont
pas de lui mais ont été produits par les esprits contactés lors des séances de
spiritisme auxquelles il participa?! "Continuation d’un phénomène
étrange, auquel j’ai assisté plusieurs fois, c’est le phénomène du trépied antique.
Une table à trois pieds dicte des vers par des frappements, et des strophes
sortent de l’ombre. Il va sans dire que je n’ai jamais mêlé à mes vers un seul
de ces vers venus du mystère ; je les ai toujours religieusement laissés à
l’inconnu qui en est l’unique auteur" (Victor Hugo, 27 février 1854, note
en marge des derniers vers du Lion d’Androclès écrite en rouge sur le
manuscrit de
Est-ce à dire, qu'il faudrait admettre que Victor Hugo ait eu des nègres fantomatiques? La réponse n'est pas simple comme nous allons le voir.
Pour