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Il n’est pas, parmi les enlumineurs de cauchemars dénoncés dans cette étude, de plus illustre illustrateur de cette mystique douteuse que Rimbaud, de plus emblématique représentant qu’Arthur Rimbaud. Sa création la plus extraordinaire, tant sur le fond que sur la forme, reste et demeure les Illuminations. Titre quasi éponyme à celui de notre travail. Expliquons-nous :
Le titre même
de ce délire poétique en prose, si peu informel malgré les apparences,
concentre à lui seul toute notre problématique au sujet des lumières reçues et
perçues par le « Voyant ». Sémantiquement, les Illuminations
recoupent plusieurs acceptions, et les gloses, sur le seul titre, sont
nombreuses : « La signification même du titre demeure incertaine.
Selon Verlaine, « le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures
coloriées – coloured plates » (
Lorsque nous avons choisi, dès le départ de cette étude, ce titre d’Enlumineurs de cauchemars, nous ne pensions pas particulièrement à Rimbaud, et encore moins aux Illuminations. Nous eussions plutôt, si nous avions alors retenu son œuvre pour l’incorporer à notre « chasse spirituelle », porté nos regards vers Une saison en enfer, où le poète dédicace à ce « cher Satan », « ces quelques hideux feuillets de [son] carnet de damné ». Cette fréquentation de l’ange déchu eut été pour notre enquête un point de départ d’évidence, et ce de l’aveu même du poète. Toutefois, ce ne sera pas d’Une saison en enfer que nous tirerons la preuve irréfutable qui fondera notre démonstration. Les Illuminations donneront cette lumière, cette triste lumière. Leur titre impose que nous leurs prêtions toute notre attention. Et sa parenté de sens avec notre propre titre d’ouvrage nous encourage à fouiller dans cette voie.