Papini et la prière pour le Diable

Le livre les enlumineurs de cauchemars
existe en format papier
aux éditions Docteur Angélique
au format ebook

chez Hypallage Editions

La fameuse prière de Papini pour le diable continue encore aujourd'hui de faire des émules depuis sa formulation en 1953. Tout comme l'explique Monseigneur Cristiani, "Papini nous demande d'avoir pitié de Satan, en raison du châtiment qu'il subit. Il suppose que nous, les fils de l'orthodoxie théologique, nous enseignons qu'en face d'un Dieu inapaisable et irrité, d'un Dieu intraitable en sa justice, il y a un pauvre Lucifer très malheureux qui voudrait bien être pardonné, mais à qui Dieu refuse le pardon, à moins que nous n'intercédions en sa faveur" (Mgr Cristiani, Présence de Satan dans le monde moderne, -1959-).

Dans les années 50, le livre de Papini, Il Diavolo, fit grand bruit en Italie et frisa même la censure de Rome, qui, en raison de la conversion de l'auteur quelques années plus tôt, témoigna toutefois à son égard d'une bienveillante indulgence. L'Eglise ne sanctionnera pas l'auteur pour ses thèses hérétiques. En effet, sur le bandeau publicitaire rouge accompagnant la première édition en français du Diable de Papini, on pouvait lire la mention suivante : " Le livre qui vient de susciter des polémiques passionnées mais que le Vatican, en définitive, n'a pas voulu mettre à l'index ". Cependant, c'est bien, à en croire son contemporain et ami Janvier Lovreglio, d'hérésie qu'il s'agit dans le livre en cause: "Dans Il Diavolo, l'auteur se révèle profondément croyant; mais ce livre témoigne d'une importante déviation des principes catholiques sur le dogme de la damnation" (Janvier Lovreglio, Une odyssée intellectuelle entre Dieu et Satan: Giovani Papini (1881-1956), vol.2, -1975-).

Mais il n'y a pas, pour ainsi dire, de fumée sans feu! Papini, si l'on en juge par sa bibliographie, est venu au christianisme par le chemin tortueux du satanisme. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on. Et l'itinéraire de Papini est en ce sens des plus imprévus et des plus chaotiques. Le Christ aura chez lui finalement supplanté sa fascination pour le Diable. Mais quel parcours!

"Nous avons vu que dès son enfance, sous l’influence de ses lectures, il avait adopté l'athéisme et voulu combattre toute forme de religion. Mais, parallèlement, une autre influence s'exerce sur son esprit à la même époque: celle de l'Inno a Satana de Carducci, qui éveilla en lui, avoue-t-il, une forte admiration pour "l'Ange rebelle"; ce qui serait tout à fait contradictoire, absurde même, chez un véritable athée. Il avoue aussi que, devenu adulte, il fut poussé par le désir de parvenir à "la conquête de la divinité" et qu'il fréquenta quelques réunions d'odeur diabolique. Tout cela est assez incohérent, mais dénote que les problèmes religieux et en particulier celui du destin de Lucifer ne le laissaient point indifférent. Peut-être y a-t-il eu également, de la part de Papini, qui avait pris si souvent une attitude de rebelle, de révolté et d'anticonformiste - et cela sans qu'il en fût nettement conscient -, une certaine admiration pour celui qui avait osé se rebeller contre Dieu. Quoi qu'il en soit, dès ses premiers écrits on décèle un intérêt certain pour Satan. Le 26 avril 1903, il fit, à la Société italienne d'Anthropologie de Florence, une communication sur les Yézidis, considérés comme des adorateurs du Diable. Papini souligne que leur religion comporte, entre autres dogmes, celui de la réhabilitation future de Lucifer. Nous en reparlerons plus loin, à propos de Il Diavolo. Mais l'on voit que cette idée le préoccupe déjà près de cinquante ans avant la publication de ce livre..." (Janvier Lovreglio, o.p. cité).

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"Selon les livres sacrés des Yezidis - le Livre de la Révélation et le Livre Noir - le Diable est bien un Archange déchu, mais qui reçut ensuite son pardon et auquel Dieu confia le soin de gouverner le monde et de conduire les âmes vers leur