Les Enlumineurs de cauchemars se veulent ombre et lumière. Ombre et lumière à la fois. Est-ce raisonnable? Est-ce même possible? Depuis la chute de l'Ange, Lucifer, le "Porteur de lumière" s'est abîmé, devenant ténèbres à tout jamais. "A tout jamais" nous a appris la religion chrétienne. Or, le poète ressuscite l'Ange, le rend à la lumière, éclairant, semble-t-il, d'un jour incomparable la miséricorde divine. Ainsi, Hugo, dans son Satan pardonné, s'écrit-il, usurpant la bouche même de Dieu:
"L'Archange ressuscite et le démon finit;
Et j'efface la nuit sinistre, et rien n'en reste.
Satan est mort; renais ô Lucifer céleste!"
Il nous faudrait nous réjouir d'une si lumineuse réintégration. Hélas, avec les Enlumineurs de cauchemars, l'ambiguïté, l'ambivalence sont dans les termes mêmes de lumière et de ténèbres. Plus inquiétant encore, alors qu'on voudrait les abolir, les aveugler au soleil glorieux de la Miséricorde, ils se confondent en cessant de s'opposer, et le Bien triomphe mal d'un Mal qui rentre à nouveau en possession de son bien. Vous aurez compris, déjà, que les Enlumineurs de cauchemars ont pour quête la lumière perdue du Porteur déchu. Lumière ambiguë, froide, lumière gnostique, scintillement de cendres, poussière d'éclats d'obsidienne, jour lugubre, soleil noir. Voilà de quelle clarté ces enlumineurs veulent éclairer les hommes, clarifier le déroulement des temps, mettre à jour un plan cosmique parfait, en un mot: illuminer le monde!
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Et maintenant, voyons qui sont ces Enlumineurs de cauchemars...