Conclusion

Le livre les enlumineurs de cauchemars

existe en format papier

aux éditions Docteur Angélique
au format ebook

chez Hypallage Editions

 

            En conclusion, laissons la parole aux Nantais : Julien Gracq et François Mauriac nous lancent un appel vif de mise en garde. Ce que l’on nomme littérature, et qui classifie nos auteurs, par des jugements dédaigneux jusqu’à l’oubli du temps ou par l’apologie du « classique » jusqu’à la canonisation dans la Pléiade, se trompe doublement : les deux grands critiques nantais nous rappellent que ceux qui collationnent les « bons » auteurs pour remplir les manuels scolaires sont aveugles au poison de leur sotte assurance, dont les maux sont, aussi contradictoires qu’indissociables, la niaiserie qui croit crucifier le vice et la fascination du vice qui se pense élitiste :

            « J’entends que des maîtres s’inquiètent : inviterons-nous tout adolescent à boire, sans discernement, ces eaux troubles ? « Les mauvais livres », ce n’est pas un lieu commun de sermonnaire. Mais il y a deux dangers : l’un qui est, pour l’amour de l’art, d’induire des jeunes gens en tentation de lectures morbides – et un autre danger que, peut-être, ne surent pas voir l’abbé Blanloeil et J.M.J.A., de Nantes, de qui les manuels développèrent en moi, lorsque j’avais seize ans, le sens funeste de l’ironie. Au poison de Flaubert et de Balzac (sic), ces pieux éducateurs opposaient l’antidote de Mme Bourdon ( ?), de Zénaïde Fleuriot et de Raoul de Navery ( ?) […] Il ne faut point sourire : je sais quelle tempête s’élève dans un jeune cœur lorsqu’il se croit exilé par sa foi de tous les paradis dont il respire l’odeur ; quand l’idée de médiocre, une espèce de niaiserie, se confondent pour lui avec les pratiques religieuses. Hé quoi ! Les plus hauts génies du dernier siècle et de celui-ci « se sont écroulés au pied de la croix du Christ », selon un mot de Nietzsche – et vous désignez comme spécifiquement catholiques, à l’adolescent, d’édifiantes tisanes ? Je crois qu’il faut le mettre en garde contre les artistes modernes ; lui en défendre, jusqu’à ce qu’il soit fortifié dans sa foi, la lecture, au nom de cette vérité si exigeante qu’elle nous oblige même de renoncer au plus lointaines occasions de chute – mais, tout de même, enseigner à cette jeune âme la part immense de Dieu dans l’art contemporain, et que le lyrisme de Baudelaire, de Verlaine, de Rimbaud, de Jammes, de Claudel, à des degrés différents, procède du Père comme celui de Bossuet et de Pascal » (François Mauriac, Petit essai de psychologie religieuse, 1933).

            Ecoutons maintenant Gracq, le dernier de nos « classiques », nous avertir du danger à fréquenter pèle-mêle tous les auteurs :

            « Peut-être serait-il temps enfin, mieux avisés, de réviser à l’usage d’une jeunesse inexpérimentée ces manuels de littérature, plats comme un trottoir et guère moins traîtres, avec sous les pas leurs trappes sans avertissement entr’ouvertes – où l’on aimerait que d’emblée un signe, une couleur spéciale dénonçât au milieu du troupeau des fonctionnaires des lettres […], revêtît ouvertement de leur dignité les chefs de sociétés secrètes. Un rhétoricien de quinze ans […] qui peut le mettre en garde on se le demande, contre les menées sourdes et actuelles, les rapts, les sièges, les enlèvements qu’exécutent à longueur de journée sur des proie trop peu averties un Rimbaud, un Kafka, un Benjamin Constant. Dans ce guide des bonnes lectures, on demanderait que le long du chemin où Stendhal par manque d’ambition a entendu ne promener qu’un inoffensif miroir, on voulût bien avertir que Poe, Blake, Dostoïevski, Lautréamont, Breton, guettent le voyageur, une escopette au poing » (Julien Gracq, André Breton).

            Pan ! Pan !… Pan !… le fatal coup de feu ! Préparé de longue date m

ais cependant non paré. Pan ! en pleine poire :

            « Roland Topor, touche-à-tout génial et provocateur, dessinateur, écrivain, cinéaste, homme de théâtre et de télévision, a décidé en avril 1997 d’aller rire ailleurs. Dans un autre monde, qu’il avait d