Bataille du Loup (journée du 15 juillet 1707)

- partie jouée le 07/10/2007 -

Mémoires du Colonel Desportes

 

Remis de l'échec du siège d'Antibes, le Régiment avait reçu l'ordre de rejoindre Villeneuve le 12 juillet avec les unités de Savoie n'ayant pas trop souffert des précédentes journées. A côté de nous marchait le bataillon de La Marine et notre chef Victor Amédée de Savoie faisait grise mine.


Les Impériaux sont fortement retranchés à Villeneuve

Notre longue colonne s'écoulait sur la route poussiéreuse, suivie des fourgons et chariots de blessés de la Brigade de La Garde et des Fusiliers. Plusieurs unités se perdirent " au pied de Digne " et ne rejoignirent Villeneuve que le lendemain matin. Des retranchements étaient déjà visibles aux carrefours ouest et est de la ville, préparés par nos pionniers. Cette vision nous rassura, nous allions défendre et nous appuyer sur de solides positions !

J'étais à pied car ma jument portait un porte-drapeau blessé de la Garde de Savoie. Le pauvre gémissait à chaque pas du cheval. Nous installâmes notre camp en arrière de la ville, à côté des Hessois arrivés peu avant. Sans perdre un instant, je courus aux nouvelles chez la Marquis di Guglielmi. Nous partagions l'inquiétude qui avait gagné l'armée après les derniers échecs d'Antibes puis sur la Brague. Le marquis me confirma que le Prince Eugène avait convaincu Victor Amédée de tenir à Villeneuve, suspectant des envies de traiter séparément avec son ancien allié. Un succès trop franc des Français signifierait des pertes territoriales importantes pour le Piémont et la Savoie en cas de paix…Le marquis me dit qu'il avait surpris Victor Amédée recevant de lourds coffres aux armes de France qu'il cachait à l'arrière de sa tente… décidément cette alliance ne tenait qu'à un fil!


Piémontais et Savoyards en réserve derrière Villeneuve

Heureusement, nous vîmes arriver par la route de Cagne un renfort précieux de régiments d'infanterie Palatine qui s installèrent le long de la route Villeneuve-La Colle. Les Brigades de Savoie se rangèrent à côté, les régiments les plus faibles en arrière et les autres dans les retranchements bordant le château, soit flanquant les Palatins à leur droite. Les meilleures unités en tête : Eugène pouvait compter sur les mercenaires Suisses ou encore sur les rudes troupes de marine mais se méfiait des bataillons démoralisés de la Garde de Savoie ou de Montferrat.

 


Charge des Dragons Lautrec à travers le pont sur le Loup face à La Colle

Au matin du 14, nous apprîmes que les dragons de Savoie qui éclairaient les routes vers Grasse s'étaient fait prendre en défendant le pont sur le Loup vis à vis de la Colle. Ce passage était au nord de Villeneuve. L'autre passage vis à vis de Villeneuve passait par la route d'Oppio et bien que plus court menait aux deux ponts que nous avions fortifiés et qui étaient désormais infranchissables.

La défense du pont vis à vis de Villeneuve avait été prioritaire, tandis qu'on pouvait laisser venir les français par le nord. " Il serait bien temps de les battre après " nous avait confié le Prince Eugène. Ce disant, il avait demandé au Prince du Palatinat de déployer sa belle cavalerie dans la plaine pour observer les bataillons français et son infanterie de se placer perpendiculairement à la cavalerie, à l'abris des vignes et des soyers.

Les français passèrent le pont, traversèrent la Colle et firent un à gauche pour se former en bataille face à notre cavalerie. Tandis que Lautrec Dragon qui avait écrasé les derniers Dragons jaunes sur le pont, couvrait le flanc français, à cheval sur la route La Colle-Villeneuve. Les deux régiments Desportes et La Marina se mirent en route et leur firent face. J'échelonnait le reste de mes troupes le long de la route et renvoyait les turbulents Hussards Impériaux en arrière.

Il me semblait que c'était la Brigade Barville qui s'avançait vers Villeneuve en longeant le Loup. Je vis clairement les drapeaux du Régiment du Berry en tête. Puis deux autres bataillons. Fait étrange, peu de troupes suivaient , en tout cas, nous avions face à nous tout au plus 6 ou 7 bataillons et un régiment de dragons.


La Brigade Barville avance contre Villeneuve en longeant le Loup

Mais ou était le reste de l'armée française ? Eugène de Savoie se posait certainement la même question !

Fallait-il attaquer ces troupes ? Les attendre tranquillement à Villeneuve. Il allait donner l'ordre à la cavalerie du Palatinat de se replier par la ville lorsqu'un aide de camp lui apporta un message. Il venait du quartier Général Prussien : rien ne bougeait sur la Brague… peu après un officier des Hussards Stockelberg lui indiqua également que la route Biot-Villeneuve était calme… Donc… Mais soudain, un autre messager portant la tenue des Gendarmes à cheval de Veiningen (un Palatin), lui annonça que le Prince Frédérik lui demandait la permission de charger les français avant qu'ils ne se renforcent ! Eugène qui cherchait un succès depuis de début de cette campagne qu' il n'avait pas conçue (il n'aimait pas ces opérations amphibies organisées par Malbourough et les Anglais) sentit qu' il tenait une chance. Il fit signe de la tête à l'aide de camp et celui ci porta l'ordre de charger au Prince Frédérik. Ce dernier fit aligner ses " gros sabots " sur deux rangs, et renvoya un autre aide de camp demander à l'infanterie de l'appuyer dans son attaque. Ce plan eut un certain succès, malgré les tirs bien ajustés des fantassins français. Leur première ligne fut forcée de se replier, la seconde fut chargée à son tour fort à point à gauche par Stockelberg et à droite par l'infanterie du Leib Regiment d'Aubach qui dépassait les bois suivi des autres bataillons sortis des soyers.


La cavalerie du Palatinat engage la Brigade Barville...

Les deux bataillons français furent taillés en pièces et le Marquis de Barville défendit avec acharnement le terrain… Il mourut l'épée à la main sur la rive du Loup… L' un des deux bataillons se rendit, nous prîmes deux drapeaux. Le Marquis ne s'était pas sacrifié en vain : nous vîmes peu après d'autres bataillons commandés par le Comte de Dillon passer le Loup et recueillir les débris de la Brigade Barville. Ils arrivaient de Grasse à marche forcée et avaient du s'arrêter en route pour rejoindre le champ de bataille en bon ordre.


La brigade Barville est disloquée mais elle a couvert assez longtemps le passage
du pont pour permettre aux français de passer sur l'autre rive du Loup

Après une attaque sur notre Brigade sur la route, Dragons Lautrec se replia et les français qui s'étaient retranchés au Moulin sur le Loup semblaient maintenant vouloir simplement se renforcer à la Colle et consolider la position autour du pont. .D' autres bataillons arrivaient donc…

Nous avions remporté un succès qui remonta beaucoup le moral de l'armée.

 


Les français ont rétrogradé mais La Colle demeure sous leur contrôle...

Mais les français étaient là en force et avec des troupes fraîches, nous voyons leurs feux scintiller dans la nuit, du Loup jusqu'au village de La Colle. Combien ? 5, 10, 15000 hommes se trouveraient là demain matin ?

Le Prince Eugène nous convia à dîner : il nous donnerait nos ordres pour la journée du 15 juillet….

 


Situation au soir du 14 juillet 1707