Journée du 11 juillet 1707:

- partie jouée principalement par correspondance -

Teneur de la correspondance échangée entre Eugène de Savoie et Monsieur de Tessé:

Lettre du Prince Eugène au Maréchal de Tessé

Monsieur Le Maréchal Marquis de Tessé, Maréchal,
mes aides de camps me rapportent ce soir le résultat des combats ayant eu lieu sous Antibes depuis trois jours. Cet après-midi, la bataille a mis en jeu des effectifs imposants, soit 26 bataillons et 5 Escadrons de sa Majesté le Roi très Chrétien et 23 bataillons et 11 escadrons de sa Majesté l'Empereur et de son Altesse le Duc de Savoie savoir 15 500 français contre 17500 impériaux. Bien que la tranchée soit ouverte devant Antibes, vos gens se battent avec détermination ! Appuyés par les milices provinciales, la précision de vos artilleurs nous fait perdre beaucoup de braves gens. Votre impétueuse contre-attaque de cet après-midi où le Régiment Royal La Marine est venu reprendre une position conquise la veille au Nord de Rabiac, où le Bataillon de Bigorre est venu charger jusque devant les retranchements de nos Hessois (nous serons cléments avec ces gens qui risquent fort de tomber en notre pouvoir), où surtout votre feu de mousqueterie bien ajusté autour du saillant " des âmes du purgatoire " a causé la perte de bien du monde dans nos lignes. Vos pertes sont importantes également. Notre cavalerie lourde n' a pas été engagée à fond et déjà de nombreux morts couvrent le champ de bataille. Nous souhaitons vous demander une suspension d'armes afin de ramasser nos blessés et de procéder à l' échange de prisonniers en particulier l' un de nos Brigadiers de Savoie. Nous tenons en notre possession 6 beaux canons de 8 Livres du Royal Artillerie et souhaitons les garder. Sachez que les corps d' armée de sa Majesté le Roi de Prusse arrivent déjà ce soir, savoir 9000 hommes, suivis par le reste des troupes de l' empereur, 4000 hommes, et que la flotte Anglo-Hollandaise peut débarquer un corps de 5000 hommes. Vos parlementaires porterons un étendard blanc et se présenterons au Colonel du Régiment de La Garde de Savoie Monsieur di Guglielmi qui les conduira. Nous attendons votre réponse en notre camp ce soir avant 11 heures.
Avec mon respectueux souvenir, portez vous bien.
A Croix Rouge, Prince Eugène de Savoie

Réponse de M. de Tessé

A son Altesse Sérénissime le Prince Eugène de Savoie,
Nous, Maréchal René-Mans du Froulay de Tessé et son Etat-Major, dans l'honneur et le dévouement à la cause du Roy très chrétien Louis le Grand, répondant à votre mandement sommes soucieux de connaître le détail de vos propositions sur la base consentie réciproquement d'une suspension d'arme. Le Marquis de Sailly ira franchir vos lignes au débouché de Rabiac drapé du blanc exigé par vous et qui honore de son fond de pureté nos drapeaux fleur-de-lissé d'or. Au nom de la charité que le Dieu tout Puissant exige de nous, et quoique une guerre injuste nous eût été imposeé, nous acceptons le principe d'une trêve. Que les blessés soient évacués et les dépouilles des morts soient recueillies à l'Abbaye des "âmes du Purgatoire" nous agrée; repos que nous offrons tant aux nôtres qu'aux vôtres tombés en ce jour; et nous pensons en cette occasion au discours fameux de Judas Macchabée sur la prière que l'on doit aux soldats tombés au combat. Dans l'attente du détail de votre offre déjà par nos soins acceptée en principe.
Du seing de notre autorité de Commandant en chef des Armées royales des Marches de Provence et en contre-seing de Notre Souverain Bien-aîmé qui nous a fait charge et devoir de sauver nos villes et nos gens.
Monsieur de Tessé

Conclusion d'une trêve

Monsieur Le Maréchal Marquis de Téssé,
Nous avons reçu vos plénipotentiaires. Nous sommes bien aise de lire ce message de paix et sommes convaincus que nos troupes respectives demandent du repos. La trêve commencera ce soir à minuit et durera 2 journées entières. Au terme de ces deux jours, si aucune offre concrète de paix n' est faite par votre maître, nous seront forcés de rester sur le terrain pris et maintenir nos armées dans tout le pays de Provence où nous sommes présents jusqu' à la rivière dite "La Brague" en avant de Biot et tous les villages et bourgs occupés au nord et à l' est de cette ligne entre Var et Brague, qui remonte jusqu'au débouché dit "Les Gorges du Loup" au village de Bar sur Loup. Les Villages de Biot, Valbonne, lieu dit du Rouret, les Places fortes de ST PAUL de Vence et Villeneuve Loubet. Mon aide de camp di Guglielemi vous communiquera le détail de ces dispositions demain.
Que Dieu vous bénisse.
Prince Eugène de Savoie-Carignan, Président du Conseil de guerre de Sa Majesté l' Empereur d' Autriche et commandant de ses armées.

 


10 juillet en fin de journée: les Impériaux évacuent déjà leurs parcs d'artillerie sur la route de Biot

 

 

Au matin du 11 juillet, Monsieur de Tessé annonce à ses généraux et Brigadiers qu'une trêve a été signée; que les hommes, qui se sont remarquablement battus devant Antibes, vont pouvoir goûter pour 24 heures un repos mérité. Il est presque certain que l'ennemi va profiter de la suspension d'arme pour esquisser un repli stratégique; cependant, les troupes françaises sont trop épuisées pour entreprendre dans l'immédiat une poursuite: les combats des jours précédents et les marches forcées opérées par les soldats de M. de Goesbriand pour rejoindre à temps le champ de bataille ont entamé le potentiel offensif de l'armée française. Monsieur de Tessé décrète donc, pour le 11, l'arrêt des opérations sur la ligne conquise la veille; il ordonne également la réorganisation, sur place, de tous les corps de troupe.

Seuls, quelques partis de Dragons sont envoyés en reconnaissance pour s'informer sur les mouvements de repli de l'Armée Impériale... Il semblerait que l'adversaire ait refranchi la Brague; son mouvement masquerait une retraite de grande ampleur. Que désire le Roy Louis XIV? Que l'avantage acquis devant Antibes soit poussé plus avant? Qu'une victoire totale soit imposée? Que l'on envahisse, à notre tour, le Comté de Nice? Ou bien, faut-il se satisfaire de cet arrêt providentiel de l'invasion de la Provence par les Impériaux et continuer de protéger la côte contre un raid, toujours possible, des troupes de marine anglo-hollandaises? En attendant le courrier de Versailles, Monsieur de Tessé s'interroge...

 

 


Au petit matin du 11 juillet,
des partis de dragons français partent en reconnaissance...